1 nov. 2014

De la sympathie à l'imitation de la peau, les objectifs du professeur Minoru Asada

Les premiers robots apprenants et communicants, tels l'Aibo de Sony, interagissent par des procédés simples: des capteurs sous les pattes, un sur le dos, un autre sur la tète, une caméra et un microphone qui leur permettent d'associer un visage et une voix aux signes d'intérêt qu'ils reçoivent. Leurs indicateurs d'expression (couleurs de diodes, sons émis, etc.) permettent aux humains de comprendre leurs états. Ils peuvent transmettre à d'autres leur expérience, par les réseaux et l'échange de données informatiques. Pour produire des effets rapides et quasi certains, il faut des actions physiques: une caresse sur la tète, ils associent un critère de gentillesse à la personne qu'ils voient; un capteur tapé, c'est le signe que la dernière action faite est mauvaise, avec une grande marge d'erreur due au fait que l'humain ne sait pas toujours quels programmes sont en cours d'exécution. Ainsi, ces machines apprennent et adaptent leur comportement aux contextes dans lesquels ils se trouvent. Le résultat est déjà spectaculaire, puisqu'un même robot suit la mère de famille à la voix dans un environnement, mais dans un autre, il va s'attacher à un chat qui est le seul à rester souvent auprès de lui.
Mais les grands marchés pressentis de la robotique apprenante et communicante ne peuvent se satisfaire de ces à-peu-près. Dans le secteur médical, les actions doivent produire le même effet, les interprétations doivent être précises et se rapprocher le plus possible d'un langage et de référentiels communs. Un robot assistant d'étudiants en chirurgie dentaire doit informer au mieux: grimaces de douleur, anticipation par rapport à des gestes, alerte sur la proximité d'un nerf; un autre chargé de rechercher des victimes dans un immeuble effondré doit savoir communiquer sans que ni l'humain ni le robot n'aient à deviner que dire ou que faire, et quelquefois sans contact; des machines de constructeurs différents, hors de toute présence humaine, par exemple sur mars, devront pouvoir se parler.
Ces thèmes sont au cœur des recherches du Professeur Minoru Asada, de l'université d'Osaka. Convaincu que les robots doivent s'approcher le plus possible des humains, afin que les interactions soient les plus transparentes possible et que l'apprentissage puisse se faire par imitation, il étudie, entre autres, des domaines aussi variés que l'expression des sentiments, comme la sympathie, ou encore les textures et les réactions de la peau.